jeudi 3 octobre 2013

Le fascisme cool et sympa

tgb

À une époque de technologie avancée, le plus grand danger pour les idées, la culture et l'esprit risque davantage de venir d'un ennemi au visage souriant que d'un adversaire inspirant la terreur et la haine. Aldous Huxley

Si tu crois encore que le fascisme entrera par la porte au pas de l’oie, le bras levé, avec la tête de l’emploi, mèche sur le front pour bien l’identifier, moustache calibrée des fois que ça suffirait pas, tu te fourres salement le doigt dans l’œil de Lepen père.
Parce que l’extrême droite sait entrer par la fenêtre en épousant son temps. Elle peut être cool et sympa, jouer de la gratte en catogan, prendre de la coke et fumer des pétards, être homo et décontracte, avoir les traits d’une nana sexy et faire dans la séduction, la caution rebeu, ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas de planquer un drapeau hitlérien dans sa cave.
Tandis que le fond conserve ses invariants, xénophobie, ordre, nationalisme… la forme s’édulcore, s’adapte à l’époque, se donne un coup de djeune et de réseaux sociaux. L’extrême droite a bien compris qu’il lui fallait avancer masquée, liftée, souriante ; éviter l’antisémitisme, y aller mollo sur les mœurs, enjoliver son discours, décerner à titre gracieux une carte FN au Valls méritant, s’accaparer les valeurs de l’autre, inspirer en loucedé un rire collabo qui ne déparerait pas à la une de Minute ou de Valeurs Actuelles.
Plantu Lepen, même combat !
En ce sens les crétins de la Daube Dorée n’auront pas fait dans la finesse. Avec leur croix plus ou moins gammée, leur panoplie revisitée du petit Nazillon à la grecque, ils devenaient un peu trop voyants, encombrants et difficilement sortables, voire assumables, par des autorités complaisantes pour ne pas dire conniventes. Quoi que le pouvoir grec prit son temps, il finit quand même par remettre (jusqu’à la prochaine fois) les petits gestapistes du 3ème Reich dans leur boîte.
Oui, la droite extrême new-look évite dorénavant de trop se commettre avec les crânes rasés un peu frustes et préfère distiller à petites touches ses insanités dans les ouvrages pseudo historiques du si sympathique et insoupçonnable Lorant Deutsh, porte serviette propret du sinistre Patrick Buisson, faire dans le discours populeux et social, opportunément anti-libéral, caresser la Janine rurale dans le sens du poil, le Jean-Claude suburbain dans le sens de la raie du milieu.
Il n’empêche que l’extrême droite, quelque soit sa plastique, reste le meilleur allié du capitalisme. En détournant la colère populaire vers des boucs émissaires, elle capte assez de voix pour empêcher toute alternative à gauche, toute remise en cause de la doxa et des privilèges de l'oligarchie.

Avec ou sans cravate, l’extrême droite porte en elle le fascisme comme la nuée porte l’orage. Plus elle sera proche du pouvoir plus elle se fera mielleuse et policée : bonne fille… à papa.

Aucun commentaire: