jeudi 9 mai 2024

Xi Jinping et Macron

Antoine Manessis

Xi Jinping vient en France à l'invitation d'Emmanuel Macron célébrer les soixante ans de relations diplomatiques franco-chinoises après la reconnaissance de la République populaire par de Gaulle.

Pour Macron deux axes principaux  dans cette rencontre.

Premier axe, demander à la Chine d'utiliser les leviers dont elle dispose sur Moscou pour contribuer à une résolution de la guerre en Ukraine. Xi a répondu "Nous comprenons le bouleversement qu’engendre la crise ukrainienne pour les Européens. La Chine n’est pas à l’origine de cette crise, et elle n’y est pas non plus partie ou participante. Nous espérons que la paix et la stabilité reviendront rapidement en Europe, et entendons œuvrer avec la France et toute la communauté internationale à trouver de bonnes pistes pour résoudre la crise."

La porte est donc ouverte d'autant que ce conflit coût cher à tous les belligérants mais aussi à leurs fournisseurs d'armes.

Emmanuel Macron a remercié Xi Jinping, de "demander à toutes les parties prenantes une trêve olympique durant nos Jeux à venir". Une occasion de travailler à "un règlement durable dans le plein respect du droit international". Le président français a salué "les engagements chinois de s’abstenir de vendre toute arme à Moscou". La Chine ne vend pas d'armes à la Russie mais contribue à la relative bonne santé de l'économie russe pour ne pas rompre l'équilibre que la Chine veut instaurer vis à vis de son rival Etasunien. Et quel dommage que Macron n'applique pas cette recette pour la France...

Le président chinois a affirmé que Pékin cherche une solution pacifique à la guerre. "Nous nous opposons à l’utilisation de la crise ukrainienne pour déclencher une nouvelle guerre froide", visant la politique des États-Unis.

Le deuxième axe est économique et commercial. C'est pourquoi Macron a fait participé aux entretiens la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour donner un caractère européen à la rencontre. Celle-ci avait en charge de défendre les intérêts des Européens. "Nous devons agir pour garantir que la concurrence soit équitable et non faussée. L’Europe ne peut pas accepter de telles pratiques qui faussent le marché et qui pourraient conduire à une désindustrialisation en Europe".

Macron a dit à peu prêt ma même chose souhaitant des "règles équitables pour tous" dans les échanges commerciaux entre l’Union européenne et la Chine. 

Un tel discours pour la galerie ne tient pas la route. L'Europe ne se gêne pas, dans ses relations avec bien des pays du Sud, pour oublier ce qui est équitable et non-faussé. On pense que le requin chinois a bien rigolé devant ce genre de propos venant du prédateur européen. Pour ce qui est de la désindustrialisation, von der Leyen nous la joue comique : tout de même, ce sont bien les capitalistes d'Europe qui ont fermé les usines pour aller en Chine où la main d'oeuvre était moins chère ! Que cela ait ensuite favorisé le capitalisme chinois est seulement l'illustration de ce que disait Lénine "Les capitalistes sont capables de fabriquer et de vendre la corde qui va les pendre" s'ils y trouvent un profit immédiat.

Le président chinois a clos le débat d'une phrase : "Le soi-disant problème de la surcapacité de la Chine n'existe pas." Et comme l'a dit l'ambassade de Chine avec humour "ce n'est pas la capacité de production de la Chine qui est en excès, ce sont les dépenses militaires américaines". Il est vrai que Pékin prévoit de consacrer 1 665,5 milliards de yuans, soit 214 milliards d'euros environ, aux dépenses militaires, ce qui reste plus de trois fois inférieur aux dépenses des Etats-Unis en la matière.

Pour Macron "La situation internationale, très clairement, nécessite plus que jamais ce dialogue euro-chinois". Dommage qu'il s'aligne en tout sur les États-Unis, ça n'aide pas...

Bien entendu Raphaël Glucksmann,  le grand penseur Otanisé,  que le PS a mis en tête de sa liste aux européennes, on se demande qui a eu cette idée géniale,  lui reproche à Macron de "dérouler le tapis rouge de façon obséquieuse à un dictateur". Entendre de une telle stupidité devrait ôter l'envie de voter pour un crétin pareil. Comme disait de Gaulle "Un Etat n'a pas d'amis, il n' a que des intérêts".

Quant à la tête de liste macroniste, Valérie Hayer,  elle tente de satisfaire ses électeurs de droite qui en sont encore au "péril jaune" mais de ne pas fâcher son chef Macron : "Quand on parle d’internement, quand on parle de stérilisations forcées, d’effacement de la langue et de la culture… oui, on peut penser qu’il s’agit d’un génocide (…), même si c’est à la justice internationale de trancher". Ouf ! Dur d'être funambule. Et quelqu'un veut lui parler de la Palestine ?

L'UE, plus lucide, mais non sans contradictions, considère la Chine comme une partenaire, mais aussi comme une concurrente et un rivale systémique. L'UE, menacée d’être prise en tenaille entre les économies américaine et chinoise, massivement aidées par leur puissance publique, engluée dans un libéralisme déconsidéré, incapable de cohérence, conséquence des contradictions inter-capitalistes entre les pays-membres, comme d'ailleurs dans leurs choix géopolitiques, est-elle "cliniquement morte" comme disait Macron (à propos de l'OTAN, ce qui n'est pas une preuve de perspicacité de sa part...) ?

En tous les cas s'il y en a un qui a bien saisi qu'il peut jouer sur les contradictions internes des Européens, c'est Xi Jinping qui rendra visite à la Serbie et à la Hongrie après avoir grimpé le col du Tourmalet...

Antoine Manessis

Bardé, t’es pas là !

Olivier Cabanel

La tête de liste du parti d’extrême droite, Bardella ne l’est pas souvent... là. lien

En effet, le nouveau président du RN, est quasi absent des débats qui lui sont proposés... pourquoi ?

Quoi qu’il en dise, l’absentéïsme semble être sa passion, car en 5 ans au parlement européen, il a surtout brillé par son absence. lien

Après avoir refusé de participer au débat sur Public Sénat, il a refusé tour à tour l’invitation de France 24, celle de RFIpuis récemment un débat à Angerslien

Interrogé sur cette situation, le directeur de campagne du candidat a déclaré : « il ne peut pas tous les accepter »…lien

Etonnant de la part d’un homme qui, lors de son lancement de campagne, à Marseille, a fait l’éloge du courage, déclarant : « aimer le courage de ceux qui prennent des risques »...lui qui finalement essaye d’en prendre le moins possible, de risques... lien

Finalement, un débat a eu enfin lieu, le 2 mai, opposant le candidat d’extrême droite à la candidate macroniste, débat dans lequel le premier est resté très flou. lien

Dommage, alors qu’un débat entre Bardella et un insoumis, un écolo ou un socialiste, pourrait être plus passionnant...

Est-il guidée par l’idée qu’il vaut mieux se taire que parler, surtout lorsque le programme qu’il doit défendre comporte de nombreuses contradictions ?

Mais qui conseille Bardella ? C’est mal connu, mais l’un des conseillers s’appelle Laurent Alexandre, un personnage assez trouble, voire sulfureux, eugéniste convaincu. Lien

Il est préoccupé par le transhumanisme... et il est aussi passionné par l’intelligence artificielle, convaincu qu’elle pourrait nous rendre immortels. lien

C’est aussi un climato-sceptique, s’opposant de façon virulente aux écolos, Greta Thunberg en tête.

Une analyse intéressante de son choix de société est à découvrir sur ce lien.

Il dénonce les anti-vax, et traite de complotistes ceux qui écoutent André Bercofflien

Lors d’une interview chez Guillaume Durand, il a fait la promotion du vaccin expliquant : « on injecte un morceau d’ARN messager qui code une protéine, la protéine spike. l’organisme produit cette protéine, qui n’est pas dangereuse pour nous, ainsi que les anticorps qui vont tuer le virus » assure-t-il. lien

La polémique continue aujourd’hui sur la mortalité suite à la vaccination, alors qu’en juillet 2021, l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) déclarait finalement « qu’un signal lié a ces effets indésirables était confirmé... mais que celui-ci restait rare  »......lien

Cette prise de position pro-vax est d’autant plus étonnante que dans la liste RN des candidats à l’élection européenne, on trouve une antivax engagée : Virginie JoronLien

En politique, Alexandre, passé du centre gauche au libéralisme, puis au macronisme, très apprécié à droite et à l’extrême droite, (Lien) est donc l’un des conseillers principaux de Bardella ce que confirme le site Politico qui écrit : « le président Jordan Bardella se passionne pour l’intelligence artificielle générative, dossier sur lequel il prend particulièrement conseil du côté du twitto-auteur Laurent Alexandre ».

il y a donc rupture avec Dupont-Aignan, pourtant très à droite, et anti-vax notoire, qui, suite à la mort de Mauricette, a publié « un jour la vérité éclatera ». lien

Mais Bardella fait feu de tout bois, comme il l’a fait en recrutant Malika Sorel, laquelle après avoir fait en vain des appels du pied à Macron, a finalement accepté de rejoindre la liste RNlien

Il se dit aussi sensible à la cause écologiste, ce qui reste à prouver...lien

En effet, il n’y a pas si longtemps, l’ex-cheftaine du RN dénonçait le danger lié au nucléaire, avant de faire volte face. Lien

Le président du RN est donc l’un des adeptes du « en même temps », cher à Macron, ce que l’on peut constater en écoutant le débat organisé par Playbook Paris, et PoliticoIl faut voir avec quels errements il s’explique sur sa position par rapport au conflit Ukrainien...lien

Etonnant aussi dans ce débat de l’entendre affirmer que le président français est partisan de la décroissance. Curseur à 30’

Ce n’est donc pas une surprise de découvrir que le président du RN à le cœur qui penche du coté de Trump, prônant la sortie de l’Otan, mais pas avant la fin de la guerre... une autre vision du courage... et qu’il est favorable à « ouvrir un dialogue avec la Russie sur des questions communes majeures » ? lien

Il faut aussi s’interroger sur les raisons qui font qu’aujourd’hui, 1 ouvrier sur 2 ait l’intention de voter RNEn effet, s’il faut en croire la Fondation Jean Jaurès, lors de la dernière présidentielle, ils étaient 43 % à être favorables à voter Le Pen. Lien

Depuis, le pourcentage s’est élargi au monde paysan. lien

Cette bascule a été sensible après les années 2000, car en 1988, et 1995 le FN ne récoltait que 10 % des suffrages. lien

en effet, « la France d’en bas » se détourne parfois de la gauche, alors même que le RN se refuse à améliorer leur pouvoir d’achat en s’opposant à l’augmentation du Smic à 1500 €lien

Mais surtout, il faut s’interroger sur les incohérences du programme du RN pour ces européennes, car si apparemment, il n’est plus question de « sortir de l’euro », il n’en reste pas moins que Marine le Pen affirme que son programme est inapplicable si on conserve l’euro. Lien

Position inconfortable du parti d’extrême droite qui, tout en mettant dans sa liste un ex haut responsable de Frontex, (Lien) est opposé à tout renforcement des moyens du même Frontexlien

Et quid de Matthieu Valet, N° 7 sur la liste, ex-commissaire de police, qui a écoppé de plusieurs blâmes de sa hiérarchie pour avoir détourné des bons SNCF qui appartenaient à ses collègues ? lien

Quid aussi du choix de Bardella d’approuver la réforme de la politique agricole de l’Europe (lien) ?..tout en affirmant soutenir les paysans français, (lien) alors qu’il est contre les prix planchers, et refuse la redistribution des grandes vers les petites exploitations. lien

Devant toutes ces contradictions, on comprend mieux pourquoi le candidat du RN n’est pas très porté sur le débat.

Il n’a pas oublié la débacle de Marine Le Pen à chacun de ses débats présidentiels, sombrant face à Sarkösi, puis face à Macronvidéo

Finalement, en fouillant un peu, on découvre que Bardella fait tout pour lisser son image, préfèrant éviter les débats, puisque finalement son silence est plus efficace que sa parole, tout en continuant la dédiabolisation, chère à Marine...

Sur l’air de « qui ne parle pas ne risque pas d’être contredit  », il évite les sujets clivants, et n’a jamais avancé une proposition autre que celle qui figurait dans le programme présidentiel de Marine Le Pen, comme l’écrit Charles Sapin dans un article du Point. Lien

De plus, il a bénéficié d’un coup de pouce magistral de la part du chef de l’état, comme l’a dit sa « plume », un certain Pierre-Romain Thionnet : « sa figure est désormais associée au pouvoir, le fait que le chef de l’état en fasse son interlocuteur, ça a débloqué quelque chose  ».

En résumé, Bardella est trumpiste, mais aussi poutiniste discret, pro-vax, mais dans sa liste, on trouve à la 11ème place Virginie Joron, une anti-vax acharnée... Bardella soutient le monde paysan, mais il a voté la réforme de la PAC, il a les faveurs des bas salaires, mais refuse l’augmentation du Smic, se dit écolo, mais est hostile aux normes environnementales prônant l’autorisation des pesticides, et refuse la montée en puissance de l’agriculture bio. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « ne met pas ton doigt entre l’écorce et l’arbre ».

Agoravox.fr

Massacre des innocents à Gaza, Bellamy n'a rien à dire

Régis de Castelnau

François-Xavier Bellamy est agrégé. 

De philosophie, ce qui lui donne paraît-il, de la légitimité à venir s’exprimer sur les problèmes du monde. Il est chrétien, catholique même, et il nous en rebat les oreilles pour justifier son opposition aux dérives sociétales de son cher néolibéralisme. Sans peur de la contradiction, il stigmatise la GPA, cette marchandisation du corps humain, l’euthanasie qui donne à l’État le pouvoir de se débarrasser des inutiles, mais attention, dans le même temps au Parlement de l’UE, il a voté tous les textes, qui aggravent l’emprise du Dieu Marché sur les sociétés européennes. C’est que François-Xavier Bellamy, tout catholique qu’il soit, est un acharné de « la concurrence libre et non faussée », qu’il appelle pieusement le « libéralisme ».

Après le 7 octobre, et pendant le massacre des enfants de Gaza, il est allé faire toutes les génuflexions dans les médias communautaires, qui eux au moins, avait l’excuse de l’émotion pour leurs excès. François-Xavier Bellamy est catholique mais le massacre des innocents en terre sainte ne l’intéresse pas. Ce qui l’intéresse, c’est le maintien de l’ordre, de l’ordre qu’il sert.

Alors, sous les acclamations des rombières versaillaises abonnées au Figaro, il est allé à Sciences-po devant les caméras dûment convoquées. Dire aux jeunes gens qui réclament la fin de la tuerie de Gaza, que ce qu’ils faisaient était mal, qu’ils empêchaient les bons étudiants de travailler, et que tout ça était de la faute du Hamas.

À cette partie de la jeunesse qui un peu partout en Occident se rebiffe contre les horreurs qui se déroulent en Palestine, l’agrégé de philosophie catholique, n’avait rien d’autre à dire.


Vu du Droit

La destruction de Gaza devrait vous radicaliser

Caitlin Jonnstone 

Si la position dite "modérée" du statu quo politique de votre pays consiste à accepter, à normaliser, à soutenir et à défendre le type de mal qui est infligé à la population de Gaza, alors vous devriez vous éloigner le plus possible de cette position "modérée".

Ce qui se passe à Gaza devrait vous radicaliser. C’est absolument nécessaire. En ce moment même, alors que sa propre criminalité atteint des sommets, la classe politico-médiatique occidentale s’inquiète avec de plus en plus d’insistance de voir les jeunes se "radicaliser" et se retourner contre leur gouvernement en raison de la diffusion d’informations et d’idées lors de manifestations sur les campus et sur TikTok. Mais les jeunes devraient se radicaliser en ce moment même. Tout le monde devrait le faire.

Quand vous voyez Israël rejeter un cessez-le-feu du Hamas et commencer son assaut sur Rafah (la dernière soi-disant "zone de sécurité" de Gaza), vous devriez vous radicaliser. 

Lorsque vous voyez les sénateurs américains soutenir cet horrible assaut en menaçant publiquement la Cour pénale internationale si elle osait inculper des responsables israéliens pour crimes de guerre, vous devriez vous radicaliser.

Quand vous voyez Israël fermer Al Jazeera pour empêcher la diffusion d’informations sur sa criminalité juste avant de lancer cette atrocité de masse, vous devriez vous radicaliser.

Lorsque vous voyez le New York Times recevoir un prix Pulitzer pour sa couverture de Gaza scandaleusement discréditéenotoirement biaisée et largement tournée en dérision, cela devrait vous radicaliser.

Lorsque vous voyez le président américain soutenir et encourager publiquement la répression policière violente contre les manifestants qui s’opposent à ses actions génocidaires à Gaza, cela devrait vous radicaliser.

Si la position dite "modérée" du statu quo politique de votre nation consiste à accepter, normaliser, soutenir et défendre le type de mal qui est infligé à la population de Gaza, alors vous devez vous éloigner le plus possible de cette position "modérée" et chercher à anéantir complètement ce statu quo politique. Ce point évident est attaqué avec une frénésie qui s’intensifie rapidement par l’empire et ses laquais.

Après que la police a violemment mis fin aux manifestations anti-génocide sur les campus de la ville de New York, le maire Eric Adams a déclaré : "Il existe un mouvement visant à radicaliser les jeunes, et je ne vais pas attendre que ce soit fait... Je ne vais pas permettre que cela se produise en tant que maire de la ville de New York", comme si empêcher la propagation d’opinions politiques radicales était quelque chose qu’un maire est élu pour faire aux États-Unis.

Kaz Daughtry, commissaire adjoint aux opérations de la police de New York, a déclaré à la presse qu’il y avait "une organisation" qui "radicalisait nos étudiants" et que la police de New York avait l’intention de "découvrir de qui il s’agissait". Encore une fois, l’implication est que c’est le travail de la police de contrôler la diffusion d’opinions politiques non autorisées.

Dans un article au titre incroyablement propagandiste "Les manifestations anti-israéliennes sont infiltrées par des "agitateurs extérieurs" qui radicalisent les étudiants et sèment la violence", le Washington Times a présenté ces affirmations non prouvées des fonctionnaires de la ville de New York comme s’il s’agissait de faits établis et non d’une fiction très commode.

Lors d’une conférence à l’Institut McCain vendredi, le sénateur Mitt Romney a déclaré au secrétaire d’État Antony Blinken que le Congrès était favorable à l’interdiction de TikTok parce qu’il partage des informations qui tournent l’opinion des gens contre Israël, affirmant que de telles informations ont un "effet très, très problématique sur la narration".

Un nouveau rapport de The Intercept révèle que les membres du Congrès Mike Lawler et Josh Gottheimer ont demandé au FBI d’enquêter sur les manifestants du campus d’un groupe politique "centriste" appelé No Labels, suggérant que ces manifestations ont un système de soutien néfaste sur lequel la police fédérale devrait se pencher.

Le Wall Street Journal a perdu la tête à propos des manifestations sur les campus, publiant des articles avec des titres tels que "Des groupes d’activistes ont formé des étudiants pendant des mois avant les manifestations sur les campus" et "Règles pour les radicaux sur les campus, 2024 - Un site web révèle la planification et la stratégie derrière les troubles actuels dans les universités", qui suggèrent qu’il y a quelque chose de sinistre et d’inacceptable dans le fait que ces manifestations reçoivent le soutien "d’activistes de longue date et de groupes de gauche".

La semaine dernière, Joe Scarborough, de la chaîne MSNBC, a fait son complotiste dans son émission, expliquant à son auditoire que ces manifestations universitaires ont eu lieu parce que le Qatar a "déversé des centaines de millions de dollars dans les universités américaines pour radicaliser les études sur le Moyen-Orient".

Les dirigeants et les propagandistes de l’empire ont fait valoir que des gouvernements étrangers étaient à l’origine de ce nouveau mouvement de protestation visant à radicaliser les jeunes contre Washington et Israël, bien que, comme nous l’avons évoqué récemment, ils n’aient pas encore réussi à se mettre d’accord sur le gouvernement étranger dont il s’agit, ce qui est cocasse.

Les propagandistes de l’empire ont multiplié les discours sur la radicalisation et le soutien néfaste parce que c’est la matraque narrative qu’ils prévoient d’utiliser pour étouffer le mouvement anti-guerre naissant que l’empire a créé avec ses atrocités génocidaires dans la bande de Gaza. S’ils parviennent à faire croire que le gouvernement a pour mission d’étouffer la dissidence politique et d’empêcher la diffusion d’opinions politiques non autorisées, ils peuvent alors justifier de faire à peu près n’importe quoi pour stopper ce mouvement dans son élan.

Tout cela pour mettre un terme à quelque chose qui devrait absolument se produire. Les jeunes devraient cultiver des positions politiques radicales en réponse à un génocide actif soutenu par leur gouvernement. Un mouvement anti-guerre devrait se former contre la machine meurtrière impériale, dont la folie meurtrière ne cesse de croître. Les gens devraient rejeter agressivement le statu quo politique qui a permis à ce cauchemar de se déchaîner sur l’humanité.

Tout le monde devrait se retourner contre l’empire centralisé des États-Unis dès maintenant. Ne laissez pas les manipulateurs de l’empire tromper notre société en lui faisant croire que ce tournant n’est rien d’autre qu’une réponse correcte et appropriée à ce que l’empire est en train de faire.

Caitlin Johnstone

Traduction :"le "fascisme qui vient" est déjà là" par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

Le Grand Soir

Mise au pas

fedetlib 

Citation d'Angela Davis

Je n'accepte plus ce que je ne peux pas changer ; je change ce que je ne peux pas accepter. 

mercredi 8 mai 2024

Groupuscules en folie

Antoine Manessis

Comme nous l'avons déjà dit ici à plusieurs reprises, plus les groupuscules sont petits, plus ils se combattent les uns et les autres. Sans doute pour justifier à leurs yeux que tout cela a un sens. Admettre l'absurdité de son existence, c'est dur...

C'est toujours avec un certain atterrement que l'on peut constater jusqu'à quelle négation du réel peut mener le sectarisme. 

Ainsi un débat a lieu entre deux mini-groupes de RC et le PRCF. Disons d'entrée de jeu qu'on se fout pas mal de cette polémique, qui touche une vingtaine de personnes au grand maximum, mais qu'elle présente à nos yeux l'intérêt de montrer à quelques ados en recherche d'absolu combien il faut éviter de perdre son temps dans ces discussions byzantines sur le sexe des anges. C'est-à-dire sur ce qui n'existe pas sauf dans la vision mystico-dogmatique d'une poignée d'adeptes.

On ne la fera pas trop longue, chacun est libre de se payer une partie de franche rigolade en se reportant aux textes entiers *.

Nous ne vous communiquons que quelques phrases, juste pour le fun. RC qui est nettement plus au contact de la réalité, même s'il se sent constamment obligé de justifier ses choix de bon sens avec des discours "rrrrrévoltionnaires" et 15 citations de Lénine par paragraphe, a décidé de soutenir la liste de l'Union populaire aux élections européennes. Mal leur en prit, ils subissent les foudres de leurs frères-ennemis du PRCF : " le RC a annoncé, le 21 mars 2024, voter pour la liste Union populaire aux Européennes (sic) de juin 2024, liste conduite par l’euro-atlantiste Manon Aubry…" Horreur et abomination !

Ainsi le PRCF affirme que soutenir (comme le fait RC) la liste de l'UP  qui est "une liste totalement engagée dans l’Union sacrée belliciste et euro-atlantiste aux côtés d’un régime scandaleusement pronazi comme celui de Kiev, ce n’est clairement pas résister ni à la guerre impérialiste en marche, ni même hélas à l’euro-fascisation du continent". Et vlan ! Sympa les camarades...

Mais la suite vaut son pesant de marchandise frelatée : "L'évolution funeste impulsée par la nomination de l’euro-atlantiste et antisoviétique débridée Manon Aubry pour conduire la liste au scrutin européiste de mai 2019, ni de l’appel de Clémentine Autain à un big bang de la gauche radicale au lendemain du résultat désastreux dudit scrutin "ne justifie de soutenir l'Union populaire"..  Le PRCF autrement plus "marxiste-léniniste" (c'est une blague) interpelle RC : Comment peut-on soutenir une telle abomination : "Comment peut-on parler d’aile eurocritique, comment peut-on parler d’aile antifasciste, comment peut-on parler d’aile antiguerre ?". Ben oui quoi ! La FI et la liste de l'UP ce sont des "sociaux libéraux européistes fascisants, pro-guerre et capitalistes verts de plus en plus rejoints par le trotskisme par essence européiste". Et oui...par essence accablant.

Et donc les petits timoniers expliquent aux liquidateurs-mencheviks du RC : "le soutien quoi qu’il arrive à LFI en dépit de ses dérives toujours plus euro-mutantes, à l’image de celles du PCF à partir du milieu des années 1970 sous le vocable grotesque d’eurocommunisme dont on voit les résultats aujourd’hui…, sous prétexte d’un score arithmétique à la présidentielle, ne servira pas la cause des travailleurs"

Mais oui obtenir 22% des votants c'est bidon ! De l'arithmétique, aucune signification politique. De même que la campagne de criminalisation de la FI qui est sans doute une manœuvre, un complot pour tromper les imbéciles qui votent pour les Insoumis. De même que le PCI eurocommuniste qui obtenait 35% des voix...Pfff de l'arithmétique vous-dis je.

Ceux qui n'ont pas de problème avec l'arithmétique ce sont les "franchement communistes" du PRCF. Ils boycottent les européennes et espèrent ainsi que 50% des électeurs vont leur donner raison. Ca ne les gênent nullement que cela arrange bigrement les néofascistes du RN et Macron, la pureté a son prix.

Mais ils montrent l'exemple comme "Les camarades franciliens du PRCF (dans un rassemblement)  contre l’Axe UE-OTAN avec les partenaires du Parti de la démondialisation (Pardem), de la Dynamique populaire constituante (DPC) et du groupe France indépendante et République sociale (FIERS) toujours en mars 2024". Et oui, d'eux non plus vous n'entendrez pas parler : quand un groupuscule se colle avec un autre, avec lequel il s'est fâché grave plusieurs fois de suite, ça ne fait qu'un groupuscule de plus. Le "rassemblement" (virtuel) en question a bien du réunir une vingtaine de personnes.

D'ailleurs la pureté est revendiquée : "Hors de question, par exemple, d’organiser des rassemblements avec des forces qui.../... optent pour un "ni-ni" suicidaire renvoyant dos-à-dos l’hégémonisme états-uniens et la Russie bourgeoise et réactionnaire Poutine – qui serait autant "impérialiste" dans la forme et l’intensité que les Etats-Unis". Ça, c'est un drone contre l'ex-parti guide, le Parti communiste de Grèce (KKE) qui dénonce, avec lucidité, la guerre inter-impérialiste en Ukraine. Mais qui a le tort de lui préférer un autre groupuscule le PCRF...interdit de rire. En fait le campisme du PRCF fournit objectivement une couverture au soutien "social-impérialiste" de la politique réactionnaire du Kremlin et de Pékin.

Bon, il y aurait encore plein de bonnes blagues à raconter, mais tout a une fin, surtout les choses les plus pathétiques.

https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/pour-reconstruire-un-vrai-parti-communiste-clarte-et-coherence-souverainete-et-independance/  

Antoine Manessis